Faits terroristes :N. A dit Abou Fadima et D.A.A condamnés à 20 ans d’emprisonnement chacun

Depuis 2015 le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes à répétition causant d’énormes pertes en vie humaine. A la riposte militaire, il faut associer la riposte judiciaire. En effet, la réponse judiciaire selon le gouvernement est un autre moyen de lutter contre le phénomène terroriste.

Le 02 mai 2018 l’école primaire de BAFINA recevait la visite de plusieurs hommes cagoulés, biens armés. Arrivés sur les lieux, ils n’ont pas hésité à incendier  la maison du directeur et cela après l’avoir ligoté et mis sur le sol. Le même sort fut réservé à l’institutrice B.C. Poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation, dont l’association de malfaiteurs en vue d’une entreprise criminelle,  destruction volontaire de biens,  détention illégale d’armes à feu et vol aggravé, ils ont tous été reconnus coupables, à l’issue de leur procès, des faits qui leurs sont reprochés. Le tribunal ayant suivi les réquisitions du procureur a condamné chacun à la peine d’emprisonnement de 20 ans fermes, assortie d’une sureté de quinze ans. Par ailleurs, ils ont été solidairement condamnés à payer à leurs victimes respectivement 2 975 094 francs CFA au directeur et la somme de 758 000 à dame B.C.

A la barre N.A dit Abou Fadima et Dicko A.A reconnaissent s’être engagés dans le groupe Ansarul Islam (les partisans de l’islam), un groupe terroriste opérant dans le Sahel, dans le but de soutenir l’imposition de la Charia.

Les deux prévenus ont reconnu à la barre avoir participé à une opération visant à attaquer les kolweogo et l’école primaire de Bafina.

« Nous avons attaqué l’école parce que l’école classique est contraire à l’islam » a déclaré Abou Fadima.

Il se serait engagé à défendre l’islam parce que dit-il 70 filles vierges l’attendent à l’au-delà.

Le directeur de l’école de BAFINA raconte à la barre sa mésaventure

« Quand ils sont arrivés chez moi le 02 mai 2018, j’ai commencé à prononcer des sourates de protection. Ils sont arrivés cagoulés sur des motos, avec un drapeau noir sur lequel portaient des écritures arabes ».Ils m’ont demandé où était les clefs de ma moto. Un d’entre eux m’a donné un coup de pied dans la tête .En étant couché j’ai entendu parler d’essence et de briquet. Ils ont  incendié tout  mes biens, mes documents, mes diplômes, mes extraits de naissance et ceux des élèves. Ils ont emporté mes portables et ma moto. Ils étaient au nombre de 6.

Ils m’ont ligoté, mis ma face contre le sol, un du groupe m’a donné un coup sur ma tête, relate en larmes le directeur de l’école primaire de Bafani, monsieur Dak victime de la visite du Commando.

« Ils ont emporté ma moto, incendié ma maison, emporté mes portables ».

Bébé au dos, dame B.C raconte son cauchemar

C’est avec son bébé au dos que dame B. C. s’est présentée à la barre pour faire le récit de son cauhemar.Enseignante de profession, dame B.C a indiqué que ce jour-là elle préparait son cours du jeudi. Mais qu’elle est allée se coucher après s’être fatiguée . « Quand je me suis couchée j’ai entendudes coups ». « Je me suis levée et j’ai regardé par la fenêtre.J’ai vu un homme sortir de chez le directeur, j’ai cru que c’était juste un passant qui était venu demander de l’eau, on a cette habitude là-bas. Après j’ai vu qu’ils avaient mis le directeur à terre, sa maison en feu. En ce moment, j’ai commencé à crier le nom de Jésus-Christ. Ils sont venus chez moi, m’ont mis à terre, j’étais presque nue. Ils m’ont demandé la clef de ma moto et mon portable. Avant de partir ils nous ont ordonné d’enseigner l’islam. Que si jamais on n’obéissait pas ça sera chaud quand ils reviendront la prochaine fois ». Ils étaient cagoulés je n’ai pas pu voir leur visage a conclu dame B.C

Ferme sur son idéologie, N.A dit Abou Fadima s’exprime sans aucun remord

A la barre N.A a indiqué qu’ils se sont engagés contre l’Etat parce que la loi burkinabé n’est pas en harmonie avec l’islam. Dans notre religion si on combat l’ennemi on est en droit de prendre ses biens, si l’ennemi prend le dessus sur nous il peut prendre aussi les nôtres.C’est les Kolweogo qui nous ont amené là-bas. Ils fatiguent les gens .Aussi, l’école classique ne convient pas avec notre religion .L’école classique cherche à nous combattre et nous aussi. Nous sommes allés spécialement à BAFINA pour les Kolweogo.Mais le chef du groupe nous a dit d’aller voir l’école primaire » confesse Abou Fadima.

Ils dit avoir fait 6 à 8 mois dans le groupe avant d’être arrêté.«J’ai pu rencontrer le fondateur du Groupe Malam DICKO ». « Toute personne qui ne pratique pas le coran est un païen ». « C’est ma mère seule qui vit. Elle n’aime pas ce que je fais. Avant mon enrôlement c’est moi qui m’occupais d’elle. On s’entendait très bien, raconte N.A.

Il reconnais, durant son séjour au sein du groupe, avoir participé à des formations, à faire la cuisine, à aller chercher l’eau, à apprendre le coran. « Souvent je rentre à la maison parce qu’il y a des travaux à faire. Je ne devais pas abandonner la famille. Nous sommes mobiles, nous changeons d’endroits à chaque fois. Nous nous attendons à être exécutés après notre procès, nous sommes prêts à rejoindre le ciel ».

Les réquisitions du procureur

Selon le procureur c’est sans contrainte que les N.A et D.A.A ont adhéré au groupe Ansarul Islam. Ceux-ci ont volontairement adhéré à un groupe classé terroriste par la communauté internationale et par l’Etat burkinabé. C’est en toute connaissance de cause qu’ils ont adhéré à l’association de malfaiteur. Le délit d’association de malfaiteur est caractérisé tout comme le délit de détention illégale d’armes à feu, dégradation volontaire de biens. Il est clair selon le procureur que le crime de vol aggravé est aussi constitué. Il a requis la peine maximale de 20 ans chacun, assortie d’une sureté de 15 ans. Après délibération, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et par conséquent a condamné chacun des prévenus à la peine d’emprisonnement de 20 ans ferme, assortie d’une sureté de 15 ans.

Le tribunal a aussi condamné solidairement N.A et D.A.A à payer au titre des dommages et intérêts la somme de 2 975 094 francs CFA au directeur et la somme de 758 000 à dame B.C.

Après le verdict, le directeur de l’école primaire de BAFANI, monsieur  D.A  n’a pas manqué de manifester son insatisfaction quant au montant des dommages et intérêts prononcés par le tribunal. «Le tribunal a réduit à moitié le montant de ce que j’ai demandé», précise-t-il.

Par ZOROME Noufou

Revue Juridique du Faso

 

 

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