Résumé de la thèse du docteur Moussa OUEDRAOGO
Considéré comme le crime le plus grave des crimes internationaux, le crime d’agression est le seul crime international qui n’avait pas reçu de définition dans le Statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale (CPI) en 1998. Cette absence de définition s’explique principalement par la nature éminemment politique de ce crime. A titre de rappel, c’est cette caractéristique propre au crime d’agression qui a été à l’origine des insuccès qui ont jalonné les multiples tentatives de définition de ce crime depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La définition de ce crime gravissime qui a finalement été consacrée en 2010 à Kampala renseigne éloquemment sur sa spécificité, comparativement aux trois autres crimes internationaux relevant de la compétence de la CPI (crime de génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre). En effet, aux termes de l’article 8 bis du Statut de Rome, le crime d’agression s’entend du recours à la force armée entrepris par un dirigeant étatique par le truchement de l’Etat contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État. Partant, le crime d’agression est un crime tributaire d’un acte étatique, mais imputable à l’individu.
La nature singulière du crime d’agression rend particulièrement difficile sa répression à la lumière de l’article 15 bis du Statut de Rome. L’une des difficultés majeures de cette répression est liée au rôle prépondérant qui est reconnu au Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) dans le déclenchent et la suspension des enquêtes et poursuites à l’encontre des auteurs présumés du crime d’agression. Par ailleurs, le Statut de Rome recèle une panoplie de lacunes qui mettent également à rude épreuve la répression de ce crime. On en déduit que la CPI est quasiment de l’impossibilité d’assurer une répression effective du crime d’agression dans ces conditions.
Mots clés : Crime d’agression, agression, crimes internationaux, acte d’agression, recours à la force, légitime défense, terrorisme, rupture de la paix, entité non étatique, menace à la paix et à la sécurité internationales, fait internationalement illicite, droit international pénal, droit international du maintien de la paix, dirigeant, responsabilité pénale individuelle, immunités, droits fondamentaux des États, Organisation des Nations Unies, Conseil de sécurité des Nations Unies.
THE CRIME OF AGGRESSION IN CONTEMPORARY INTERNATIONAL LAW
SUMMARY
Considered the most serious crime of international crimes, the crime of aggression is the only international crime that was not defined in the Rome Statute establishing the International Criminal Court (ICC) in 1998. This lack of definition s ‘explained mainly by the eminently political nature of this crime. As a reminder, it is this characteristic specific to the crime of aggression that has been at the origin of the failures that have marked the many attempts to define this crime since the end of the Second World War. The definition of this extremely serious crime, which was finally consecrated in 2010 in Kampala, eloquently informs about its specificity, compared to the three other international crimes falling under the jurisdiction of the ICC (crime of genocide, crime against humanity, war crime). Indeed, under the terms of article 8 bis of the Rome Statute, the crime of aggression means the use of armed force undertaken by a state leader through the intermediary of the state against the sovereignty, territorial integrity or the political independence of another state. Hence, the crime of aggression is a crime dependent on a state act, but attributable to the individual.
The singular nature of the crime of aggression makes its repression particularly difficult in light of article 15 bis of the Rome Statute. One of the major difficulties of this repression is linked to the preponderant role recognized by the United Nations Security Council (UNSC) in initiating and suspending investigations and prosecutions against the alleged perpetrators of the crime of aggression. In addition, the Rome Statute conceals a panoply of loopholes which also severely test the repression of this crime. We deduce that the ICC is almost impossible to ensure an effective repression of the crime of aggression under these conditions
Keywords: Crime of aggression, aggression, international crimes, act of aggression, use of force, self-defense, terrorism, breach of the peace, non-state entity, threat to international peace and security, internationally wrongful act, international criminal law, international peacekeeping law, leader, individual criminal responsibility, immunities, fundamental rights of states, United Nations, United Nations Security Council.