Qui est Maurice KAMTO?
Le Professeur Maurice KAMTO est né le 15 Février 1954 dans la ville de Bafoussam au Cameroun. Il est un homme à plusieurs casquettes résultant de sa formation de base, de sa carrière professionnelle et de son engagement politique.
Pr Maurice KAMTO, un parcours universitaire exemplaire
L’enfant de Bafoussam, dès son âge de jeunesse, était piqué par le moustique juridique si bien qu’il orienta sa formation dans les facultés de Droit. En effet, après son parcours scolaire, il s’inscrivit à la faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Yaoundé.Son intérêt se porta particulièrement sur le Droit Public dans le choix qu’il fit à sa deuxième année universitaire. L’année d’après, il obtenait sa Licence en Droit Public dans cette université de référence sous régionale. Ce deuxième diplôme universitaire après le baccalauréat lui donna beaucoup plus de goût et de tonus pour la chose juridique si bien qu’il opta de continuer l’aventure dans les études juridiques, mais cette fois-ci dans une contrée loin de son Bafoussam natal, en France, à l’Université de Nice.Cet environnement nouveau lui étant favorable, il passa et réussi deux Diplômes d’Etudes Approfondis (D.E.A),l’un en Droit de la puissance publique (Droit Public Fondamental) et l’autre en Droit International en 1980, à 26 ans. En 1982,il sort diplômé de l’Institut International d’Administration Publique de Paris.L’année d’après, c’est-à-dire en 1983, il boucla la boucle d’études universitaires du cycle doctoral avec sa thèse en Droit Public à l’Université de Nice.
Le désormais Docteur commença ses premiers pas dans l’enseignement supérieur dans le pays du Général De Gaule. Il sera agrégé des facultés de droit en 1988. Cela consacre l’éminence de ses compétences juridiques.C’est alors que le désormais Professeur KAMTO reçu le prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer la même année de son agrégation.Ce parcours universitaire est ponctué et suivi d’activités professionnelles et d’un fort engagement politique.
KAMTO, un professionnel et homme politique
Le patriotisme de l’homme de droit à la carrière professionnelle réussie dans l’Hexagone le ramène dans son pays d’origine pour se mettre au service de ses compatriotes.Ce retour au bercail profita, comme il fallait s’y attendre, au monde universitaire notamment aux facultés de Droit. En effet, Pr. KAMTO dispensa des cours de Droit Public au Cameroun, d’abord à l’Université de Yaoundé I et simultanément à celle de Yaoundé II et de Ngaoundéré. Au même moment, il se met au service de la formation professionnelle des futures cadres de l’Administration et de la justice de son pays par ses interventions andragogiques l’Institut des Relations Internationales du Cameroun(I.R.I.C) et de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (E.N.A.M) à Yaoundé.La qualité de son enseignement, sa compétence et son expertise en Droit Public lui valurent d’être sollicité par beaucoup d’universités africaines et occidentales. Cela lui valut aussi en 1998 d’être appelé par l’Etat camerounais pour être à la fois conseiller juridique et important membre de la délégation camerounaise à la conférence diplomatique de Rome qui, rappelons-le a abouti à la création de la Cour Pénale Internationale en Juillet 1998 ; Cour présidée actuellement par le nigérian Chile Ebae-Osuji. En effet, le Pr. KAMTO fut membre du comité de rédaction de cette conférence. Sa brillante participation à cette conférence lui permis d’intégrer la Commission du Droit International des Nations Unies dont il sera fait président de 2001 à 2012.Un peu plus tôt en 1997,c’est à dire une année avant cette conférence diplomatique,le Maurice KAMTO portera la toge d’avocat le10 Décembre. Il représentera alors son pays devant la Cour Internationale de Justice dans le conflit frontalier qui opposait sa patrie à celle nigériane. Ces Etats par des médiations avec l’entremise des Nations Unies finirent par consentir la mise en place d’une commission mixte triangulaire Cameroun-Nigeria-Nations Unies pour solutionner ce conflit qui portait sur la presqu’île frontalière de Bakassi et qui dura de 1994 à 2008.Me.
Le Pr KAMTO fut membre représentant de son Etat d’origine de cette commission. La résolution de ce conflit par cette commission se solda par la signature de l’accord de Greentree au terme duquel la presqu’île devrait être cédée au Cameroun.Ce rôle diplomatique a succès joué par Me. KAMTO dans la résolution de ce conflit a été récompensé par le Président camerounais Paul BIYA avec l’élévation dans un premier temps en tant que Chevalier de l’ordre de la valeur du Cameroun et dans un second temps par sa nomination en tant que Ministre délégué auprès du Vice Premier Ministre et cumulativement Ministre de la Justice, garde des sceaux en 2004.
Pr.KAMTO écrit et co-écrit nombre d’œuvres dont entre autres : Regards sur le droit public en Afrique : Mélanges en l’honneur du doyen Joseph-Marie Bipoun-Woum ; Pouvoir et Droit en Afrique noire :essai sur les fondements du constitutionnalisme dans les Etats d’Afrique noire francophone. Il est fait Chevalier de l’ordre international des Palmes académiques par le C.A.M.E.S dans l’exercice de sa profession d’enseignant universitaire. Cette vie professionnelle est teintée d’un fort engagement politique par le biais de sa nomination en qualité de Ministre délégué.Il anima plusieurs conférences et colloques dont celle sur « le droit international et décolonisation inachevée ».
En effet,le Pr KAMTO a donné une conférence à l’UQUAM sur le thème:Droit in international et décolonisation inachevée.Il a indiqué dans sa brillante communication que plusieurs raisons justifient le fait que la décolonisation de l’Afrique n’est pas achevée.Pour lire intégralité de sa communication:https://revuejuris.net/2020/04/17/le-droit-international-et-decoloninsation-inachevee-le-professeur-maurice-kamto-sexprime/
Cependant, le ménage avec le pouvoir Biya fut bref. Le Ministre délégué adressa en Novembre 2011 sa lettre de démission au Président BIYA. Ce court séjour dans les artères politiques suscita en l’homme des ambitions politiques. C’est alors qu’il créa avec certains détracteurs du pouvoir, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (M.R.C), le 22 Juin 2012 par changement de dénomination du Mouvement Populaire Républicaine. Ce nouveau parti d’opposition grossi le nombre de partis politiques à plus de 200.Il prit part aux élections législatives de 2013 d’où il en sorti avec un siège à l’Assemblée Nationale siège qu’il perdra d’ailleurs suite au boycotte qu’il a fait des élections qui suivirent. Porté candidat aux élections présidentielles du 8 Octobre 2018, le candidat Maurice KAMTO s’autoproclama élu bien avant même le début du décompte des voix. Après décompte, il est donné deuxième après le président sortant avec 14,23% des suffrages exprimés.
S’ouvre alors une période de contestation des résultats par voie légale (son recourt devant le Conseil constitutionnel qui le débouta) mais aussi illégales à la suite du refus des autorités d’autoriser ses plus de cent demandes de manifestations pacifiques tandis que celles en soutien au présidentréélu à sa propre succession ont étés accordées. N’ayant plus que la voie défendue par la loi pour se faire entendre, le malheureux candidat organisa une marche de contestation pacifique dénommée ‘‘marches blanches’’. A la suite de ces manifestations, des cadres de son parti, sympathisants et même des membres de sa famille et lui-même furent mis aux arrêts à Douala. Après plusieurs jours de détentions,il leur fut reproché huit chefs d’accusation dont ‘’incitation à l’insurrection’’.
Ces évènements malheureux firent échos dans la communauté internationale ; certains criant à une violation des droits de l’Homme. Le Président français Emmanuel Macron en arrive à conditionner la venue du Président Paul BIYA en France à Lyon à la libération préalable sans condition et la suspension des poursuites judiciaires contre Maurice KAMTO et ses 45 compagnons. Le 05 Octobre 2019, coïncidence ou pas, ils furent libérés avec suspension des poursuites. L’appel du président français en serait-il à la raison ? En tout cas les autorités camerounaises rejetèrent en bloc cette thèse.
Par ZIGANI.Z.Amos
Revue Juridique du Faso